Préface

Félix Kersten, dont mon ami Joseph Kessel a retracé la vie, est un homme aux dons inhabituels et à l’étrange histoire. Il exerce la profession de médecin, mais il se passe d’un diplôme médical usuel. Parfois, on le qualifie de masseur, mais il réfute énergiquement ce terme. Il est, explique-t-il, Artz fur manuelle Therapie[1] et il a sur cette question des conceptions particulières qu’il a exposées dans un petit livre et appliquées dans la pratique depuis de nombreuses années avec un succès considérable. Il a compté parmi ses malades les riches et les grands de toute l’Europe. Et, parmi eux aussi, l’ogre le plus terrible des temps modernes, le Grand Inquisiteur de l’Europe d’Hitler, Heinrich Himmler.

En un temps il m’aurait paru impossible de devenir l’ami d’un homme qui fût l’intime d’Himmler. Comment pouvait-on, même indirectement, entretenir des relations avec ce monstre abominable ? Mais l’expérience humaine est beaucoup plus complexe que nous ne le supposons et, en présence du docteur Kersten, l’impossible même se trouve résolu. Sa personne m’a permis de comprendre cet étrange destin ; et j’ai constaté non pas qu’Himmler inspirât moins de répulsion mais qu’il existait des gens qui le servaient afin de servir l’humanité. Toutefois, avant de parler davantage des activités du docteur Kersten, je pense que je devrais expliquer comment je vins à en avoir connaissance. De celte façon, je pourrai peut-être prévenir la controverse.

J’ai entendu le nom de Kersten pour la première fois pendant les derniers mois de la guerre de 1939-1945. À cette époque, j’étais officier de l’Intelligence Service. Je m’occupais particulièrement de certains organismes d’Himmler : S.S., Gestapo, etc. Dans mon travail, j’entendais souvent parler de Kersten, mais toujours un peu mystérieusement. En fait, son nom apparaissait rarement dans les documents, mais il était souvent mentionné dans les commentaires.

Kersten n’appartenait à aucune organisation allemande. Comment l’eût-il pu ? Il n’était même pas allemand. Il était de nationalité finnoise. Mais les membres de l’état-major d’Himmler, faits prisonniers, parlaient souvent de lui. C’était, semblait-il, une mystérieuse éminence grise, un personnage puissant derrière le trône ensanglanté d’Himmler. Lorsque la guerre fut terminée, le mystère fut éclairci grâce à la capture de l’un des plus importants lieutenants d’Himmler : Walter Schellenberg.

Walter Schellenberg était le conseiller politique d’Himmler et le chef de ses services d’espionnage. Après l’effondrement de l’Allemagne, il s’était enfui en Suède pour y chercher de puissantes protections. En fait, cependant, il fut déçu. À la requête des Alliés, il fut extradé de Suède et mené en Angleterre pour y être interrogé. Au cours de l’interrogatoire, il fit incidemment de nombreuses révélations sur Kersten. Ce fut par Schellenberg que je découvris pour la première fois la véritable nature de la position de Kersten envers leur supérieur et leur maître à l’un et à l’autre, Himmler.

Car Himmler, semblait-il, souffrait terriblement de ses activités au service du Führer. Pas mentalement, évidemment ; jamais l’ombre d’un doute ne traversa cet esprit obtus et prétentieux tandis qu’il envoyait des millions et des millions d’individus au peloton d’exécution et à la chambre à gaz ; mais il souffrait physiquement. Il souffrait de douleurs d’estomac d’une intensité paralysante. Et, en conséquence, avant la guerre, son ami le docteur Diehn, dirigeant du syndicat allemand de la potasse, lui avait conseillé de consulter son docteur personnel, le docteur Kersten. Kersten était pour lui « le Bouddha magique qui guérit tout par des massages ». Il est certain que Kersten guérit les douleurs d’estomac d’Himmler. Il rencontra ce dernier au retour d’un voyage en Hollande où son patient le plus connu était le prince consort, le prince Hendrik. Mais en 1940, après la conquête de la Hollande, il fut tenu en captivité et il devint le médecin de la cour d’Himmler. En 1943, Himmler dépendait absolument de lui ; il en dépendait à tel point qu’il était obligé de payer Kersten un prix plus élevé qu’il ne l’avait jamais fait. Il lui permit une absence prolongée en Suède où Kersten faisait aménager un pied-à-terre en prévision de la défaite allemande ; et Himmler dut accepter peu à peu des formes encore plus importantes de soumission.

Là, je ne peux m’empêcher de faire une digression sur un thème plus général. Plus tard, comme je faisais mon enquête pour les autorités britanniques sur les derniers jours d’Hitler, je fus surpris de découvrir que la cour d’Hitler dépendait aussi des médecins, comme la cour d’Himmler, et que la politique et la médecine y étaient inséparablement mêlées. Dans mon livre, Les derniers jours d’Hitler, j’ai raconté la grande lutte des médecins qui bouleversa la cour d’Hitler en 1944, et qui se termina par la ruine du docteur Brandt et du docteur Hasselbach et par le triomphe de l’allié de Marlin Bormann, le docteur Morrell. Il semble que, dans nos dictatures modernes, aérodynamiques, aux emplois du temps surchargés et en raison de la tension et de la complexité de leur machine bureaucratique, les médecins aient remplacé les confidents les plus traditionnels : les bouffons, les confesseurs et les favorites, auxquels des despotes plus âgés, moins pressés, moins valétudinaires, avaient l’habitude de faire confiance. Il en était certainement ainsi en Allemagne nazie. Pour Hitler, dépendre du docteur Morrell assurait à celui-ci un pouvoir et une fortune considérables. Pour Himmler, dépendre du docteur Kersten donnait à celui-là de larges opportunités.

Quelles étaient ces opportunités, quelle était cette influence ? Peu à peu, au cours de ses interrogatoires, Schellenberg les révéla. Sans en avoir l’air, une question en suivant une autre, nous apprîmes comment Himmler avait consenti à épargner sept hommes d’affaires suédois condamnés à mort pour espionnage à Varsovie ; comment il avait autorisé les Bibelforscher, les Témoins de Jéhova allemands, emprisonnés comme objecteurs de conscience, à quitter leurs camps de concentration ; comment, tout à la fin, l’insigne persécuteur, l’exterminateur des Juifs, avait même accepté de rencontrer un délégué de l’Organisation Juive mondiale et laissé la liberté aux derniers survivants de ce peuple. Et toutes ces concessions, nous l’apprîmes, avaient été arrachées à Himmler par le même moyen, grâce à Félix Kersten. Comme le secrétaire de Schellenberg l’entendit dire une fois à Himmler : « Le docteur Kersten m’arrache une vie à chacun de ses massages. »

Le témoignage de Schellenberg sur ce point est doublement important. Il est important, avant tout, parce qu’il est indépendant. On a dit parfois que les prétentions de Kersten d’avoir sauvé des vies humaines reposaient sur son seul témoignage. C’est faux. J’ai été convaincu de leur exactitude bien avant de connaître Kersten. Et, ensuite, Schellenberg est un témoin particulièrement valable parce qu’il a été un témoin réticent. À cette époque – et plus encore même par la suite – Schellenberg ne voulait pas admettre que c’était Kersten qui avait sauvé toutes ces vies. Il ne le voulait pas pour des raisons solides, égoïstes. Kersten était sauf en Suède, lui ne l’était pas. Il était menacé d’être jugé à Nuremberg pour des crimes de guerre dont il se savait effectivement coupable. Il souhaitait par conséquent plaider les circonstances atténuantes. Il souhaitait expliquer que, si coupable qu’il eût pu être, il avait du moins racheté cette culpabilité en utilisant son influence sur Himmler pour sauver les vies de ces sept industriels suédois, et d’autres aussi. Il n’admettait par conséquent pas volontiers que ce fût Kersten qui les eût réellement sauvées. Néanmoins, il ne pouvait vraiment dissimuler le fait. À son procès, en 1948, Schellenberg invoqua ces services comme circonstances atténuantes, mais le juge, après l’audition des témoins, les rejeta. Il était clair, déclara-t-il, que les vies en question avaient été sauvées non par Schellenberg mais par une personne alors inconnue qui n’était pas dans la salle : le docteur Kersten.

Oui, inconnue alors. Car, après la guerre, Kersten avait vécu tranquillement en Suède. Il connut même, inévitablement, quelque défaveur, pour avoir été le médecin du plus infâme de tous les meurtriers nazis. Toutefois, le souvenir de ses services passés n’était pas complètement perdu de ceux qui en avaient bénéficié. Les aveux de Schellenberg, les témoignages au procès de Nuremberg étaient peut-être encore ensevelis dans les dossiers, mais l’année même où Schellenberg, en tant que lieutenant d’Himmler, fut jugé et condamné en Allemagne vaincue, des victimes d’Himmler, qui devaient la vie à Kersten, parlaient pour lui et parlaient haut en Hollande libérée.

Car la Hollande, au cours des années qui suivirent 1930, avait été la véritable patrie de Kersten et, en 1940, lorsqu’il s’était trouvé virtuellement prisonnier en Allemagne, il ne l’avait pas oublié. Il s’était servi de son influence sur Himmler pour sauver de nombreux Hollandais de la mort ou de la déportation. Alors, en 1948, certains de ces Hollandais, apprenant la disgrâce qui pesait sur Kersten en Suède, cherchèrent à justifier leur bienfaiteur. Et ils réussirent. Sur l’instigation d’un historien hollandais éminent, le professeur N. W. Posthumus, à celle époque directeur de l’Institut hollandais de Documentation de guerre, une commission spéciale fut nommée pour enquêter sur les activités de Kersten. Les commissaires virent, entendirent des douzaines de témoins et ils examinèrent des milliers de documents. En 1949, ils publièrent leur rapport. Ils démontraient que les nombreuses calomnies concernant Kersten étaient sans fondement et qu’en fait celui-ci avait sauvé des milliers de vies humaines, de toutes nationalités, et cela en de nombreuses occasions et au prix de risques immenses pour sa personne et pour ses biens, sans compter ses interventions afin de sauvegarder les intérêts hollandais, les biens et les trésors hollandais. Ce fut après ce rapport que Kersten fut, en 1950, fait Grand Officier de l’Ordre d’Orange-Nassau et qu’il en reçut les insignes des mains du prince Bernhardl des Pays-Bas.

Depuis 1950, je suis moi-même en contact avec le docteur Kersten. Même après avoir publié mon compte rendu Les derniers jours d’Hitler, je demeurai intéressé par la chute du IIIe Reich et, en 1952, je fus amené à reconsidérer l’histoire de l’expédition de secours suédoise qui, au printemps 1945, sauva de nombreux Scandinaves et de nombreux Juifs de la mort en camps de concentration et qui permit à celui qui la dirigeait, Folke Bernadolte, d’avoir ses entretiens célèbres avec Himmler. Je n’ai pas besoin d’entrer ici dans les controverses historiques auxquelles cette étude m’entraîna. Qu’il me suffise de dire que la discussion de ces faits, en Suède et ailleurs, me conduisit à revoir le rôle de Kersten dans cette affaire. Fin 1953, on lui accorda enfin la nationalité suédoise qu’il avait longtemps sollicitée. En 1956, le ministère des Affaires étrangères suédois, dans un Livre Blanc officiel, reconnut que le passage de l’expédition de secours en 1945 avait été préparé, et le succès de cette expédition assuré, par l’indispensable activité secrète en Allemagne, à la cour d’Himmler, de Félix Kersten.

Ceci fut la vie publique de Kersten, telle que je la connais par mon travail secret pendant la guerre et par mes recherches historiques en temps de paix. Elle lui donne droit à une petite place dans l’histoire de la guerre, à une petite niche dans le temple de la Renommée ; et je suis heureux d’ajouter le poids de mon autorité pour soutenir une vérité souvent discutée. Joseph Kessel en développera le récit à la fois beaucoup mieux et beaucoup plus en détail que je ne peux le faire. Mais quelle est maintenant la vie privée de Kersten ? Elle continue d’être comme auparavant, en marge de la médecine classique, couronnée de succès. Avant la guerre, Kersten, en Allemagne et en Hollande, traitait des magnats et des princes. Aujourd’hui, son point d’attache étant Stockholm, il a toujours en Allemagne, en Suède, en Hollande et en France, les puissants de ce monde pour patients. J’espère qu’il en sera longtemps ainsi, mais que le docteur Kersten n’aura jamais un autre Himmler à soigner.

H. R. Trevor-Roper,

Titulaire de la chaire d’histoire

moderne à l’Université d’Oxford.

 

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